Recevoir un shiatsu, c’est s’offrir la possibilité d’être touché au plus profond de son être.
Lors du premier shiatsu que j’ai reçu, je me suis dit « c’est ça ! » ; enfin quelqu’un qui parvient à libérer, une à une, toutes les tensions de mon organisme. Comment ? En parlant à mes « cellules » ! Ou, pour le dire plus simplement, en atteignant des zones profondes que je ne percevais jusqu’alors que très vaguement.
Soignée régulièrement par l’acupuncture, j’avais déjà perçu les bienfaits de rester allongée une heure à écouter son corps et ses réactions : frissons, bulles, soupirs, chaud, froid… Avec le shiatsu s’est ouvert un chemin complémentaire, celui de la perception de son enveloppe corporelle et de ses couches les plus profondes. La pratique du shiatsu m’a révélée une évidence : le langage du corps est primordial.
Au fondement, la médecine traditionnelle chinoise
En quelques mots, le shiatsu s’inspire des théories de la médecine chinoise. Il permet un rééquilibrage énergique par pressions des pouces sur les méridiens et points d’acupuncture.
La pratique traditionnelle telle qu’enseignée par Maître Ryotan Tokuda propose un passage systématique sur tout le corps. Elle permet ainsi à celui qui reçoit le shiatsu de prendre conscience de son schéma corporel – y compris des zones occultées. L’attitude corporelle, la posture dans la vie quotidienne, le rapport au corps, l’état d’esprit en ressortent transformés.
Comme une chorégraphie…
Le shiatsu est une éloge du vivant, une manière de célébrer l’énergie vitale qui circule dans l’organisme. J’aime le comparer à la musique ou à la danse. Tel un musicien ou un danseur, le praticien suit un protocole qui ressemble à une partition ou à une chorégraphie avec un début, une fin et, au milieu, un ensemble de variations. Il n’y a pas d’arrêt sur image, juste une continuité. Comme une œuvre dansée ou jouée, le shiatsu s’inscrit dans le mouvement perpétuel de la vie.
Mes professeurs de musique me donnent souvent cette image dans la pratique du chant : il s’agit de s’insérer sur un tapis roulant en marche. Le premier pas sur le tapis ne doit pas nous déséquilibrer. De la même façon, la première note de musique doit être précise et nette, donnant l’effet d’une continuité dans ce qui était, ce qui est et ce qui vient. De même, la première main posée par le praticien se fait en douceur, sans à-coups. Ce premier contact marque le début de quelque chose de nouveau qui s’inscrit dans un mouvement déjà présent. Si le praticien ou le musicien rate son départ, il perd l’équilibre, vacille et tombe du tapis roulant. L’auditeur ou le patient perçoit cette instabilité, aussi subtile soit-elle…
Vers un élan nouveau
Un bon départ permet de situer le cadre, de fixer le décor. Puis la pièce se joue, avec des pressions plus ou moins longues, plus ou moins rapides et fortes. Tout dépend du corps du receveur. C’est lui qui guide le donneur, qui lui indique le tempo, qui raconte l’histoire.
Pour trouver l’harmonie, le praticien fait plusieurs passages – trois exactement. Toutes les cordes vibrent, le corps est touché de la tête aux pieds. Une sensualité se développe tout en préservant une grande pudeur et un profond respect. La pratique régulière permet au corps d’entretenir et de développer une dynamique d’autorégulation.
Et, pour clôturer, tout en laissant le son se diffuser, vibrer et continuer son œuvre, le praticien prend soin de quitter le patient en le ramenant à ses racines (les pieds), en le reconnectant à la terre, en écoutant la vibration de son énergie restaurée se diffuser dans l’univers… telle la dernière note de musique, le dernier pas de danse qui s’inscrit dans les cœurs, les consciences, les âmes. Le chemin de la vie peut ainsi être repris avec un élan nouveau…
Caroline F. 2015